Lâcher-prise, c’est tout d’abord « Lâcher », rendre quelque chose moins tendu, c’est cesser de le retenir, c’est abandonner une position.
C’est accepter de s’ouvrir à ce qui vient, de changer de regard, de modifier son interprétation.
C’est aussi, parfois, faire le deuil de quelqu’un ou quelque chose qui était très important pour nous; c’est encore pardonner et mettre son attention sur le ici et maintenant.
Lâcher-prise, ce n’est pas une démarche naturelle pour les humains qui sont en recherche de sécurité, de stabilité, chacun désirant s’accrocher aux gens, aux choses, de vivre en ayant des « habitudes » qui deviennent tellement importantes, que toute modification nous propulse hors de notre zone de confort. C’est pourquoi notre vie d’être humain se construit sur des croyances erronées, des préjugés qui entretiennent et renforcent nos habitudes.
Ces croyances et ces préjugés sont bien difficiles à déraciner, rendant ardue, mais possible, la démarche du lâcher-prise.
Lâcher-prise n’a rien à voir avec la résignation, ni avec l’absence de projets, mais plutôt avec l’intensité du contrôle que nous voulons avoir sur les situations. L’une des premières étapes du lâcher-prise consiste à se demander, face à une situation:
– Que puis-je contrôler?
– Que puis-je influencer?
– Que ne puis-je ni influencer, ni contrôler?
Il ne s’agit pas de renoncer à ses buts, à ses projets, mais parfois d’accepter de différer son action, ou encore d’être ouvert à la possibilité d’agir autrement.
Il est essentiel, parfois, de se détacher provisoirement d’un problème, ce qui peut permettre à notre cerveau de faire émerger de nouvelles solutions et de laisser de l’espace à l’originalité et à la créativité.
Lâcher prise, c’est un acte de confiance, il s’agit de laisser aller notre besoin de tout contrôler et nos peurs d’être dominé, de commettre des erreurs, de ne pas être adéquat.
Lâcher prise, c’est accepter nos propres limites et celles des autres, c’est apprendre à faire avec ce qui est présent.
C’est accepter de pas contrôler son conjoint, ses enfants, ses collègues, de leur laisser l’espace de vivre, même si ce n’est pas, de la manière dont j’aurais désiré qu’ils vivent. Plus on devient conscient, plus on peut avancer vers la démarche du lâcher-prise, plus on reconnaît ses émotions, plus on perçoit l’absurdité de chercher à contrôler ce qui ne peut pas l’être, plus on peut lâcher prise.
S’accrocher, vouloir tout contrôler, c’est une énorme perte d’énergie, de bien-être et de sérénité, être capable de lâcher prise, c’est devenir flexible, c’est accepter de laisser de côté sa tendance à contrôler la vie, les gens et les choses.
C’est renoncer aux catégories, aux définitions simplistes de ce qui constitue le bien et le mal pour s’avancer vers des compréhensions nouvelles de ce qui a semblé évident jusque-là.
Lâcher prise, c’est entrer en contact avec son être essentiel. C’est un chemin de vie, c’est s’avancer, mains ouvertes vers ce qui vient en laissant au bord du chemin toutes les valises inutiles « remplies de croyances, limitantes, de dépendances et de jugement », c’est accepter d’être conduit au coeur de la vie.
ROSETTE POLETTI.